BOCH-KERAMIS
DIAGNOSTIC
En aout 2009, suite à la constatation de certains facteurs de promotion, un état des lieux aux contours indécis concède finalement au patrimoine industriel un périmètre d’intervention concis côtoyant l’intention d’une place publique, la volonté d’un axe nord-sud structurant, l’avenir incertain de l’emblématique manufacture BOCH mais surtout l’omniprésence pressante d’un hypercentre commercial.
Néanmoins, le tracé d’un grand parc urbain public s’accueille comme une décision à positiver en tant qu’acte généreux à l’égard de tout un territoire en mutation. Sa transversalité est-ouest installe un dégagement qui laissera en tous les cas lire la ville sans plus d’opposition, de la place vers la gare.
Au sein de cette grande friche dépecée, les 2 enveloppes bâties classées par l’IPW laissent apparaitre un état général parfois proche de la destruction. On pénètre ces longues travées à double pents un peu comme des intrus, les conditions d’accès en sont assez compliquées.
La majesté des 3 fours bouteille surprend tout à coup. ‘Grace’ aux dégradations des toitures, une lumière zénithale naturelle intéressante les met en relief. Cette approche de la ruine industrielle et sa valorisation au sein d’un outil culturel contemporain tourné vers le futur est le vecteur identitaire du centre de la céramique KERAMIS.
CONTEXTUALITE
Par rapport à une situation bâtie initiale de congestion maximale, offrir aujourd’hui aux louvierois une lisibilité et une (re)connaissance immédiate des fours bouteille en tant que patrimoine collectif apparait essentiel.
Le projet architectural bien qu’inscrit dans les limites d’intervention va par conséquent adopter dans ses espacements et sa disposition du programme l’attitude la plus génératrice possible d’échange avec l’espace public pour tous et :
- S’établir clairement coté parc pour une relation visuelle explicite public-fours.
- Former par recul sur l’axe nord-sud une large séquence d’identité industrielle sous les traits d’un quai des accès à KERAMIS.
- Laisser les parcours se faufiler à l’est entre le culturel et le commercial.
- Proposer le glissement libre de la place publique dans son propre rez-de-chaussée.
S’il ne peut déborder des limites parcellaires, KERAMIS utilisera ainsi ses propres limites à des fins d’urbanité.
DOUBLE ECHELLE
Physiquement, une expression hybride s’installe mêlant 2 travées de profils à double pents extrudées en protection directe de l’existant à une troisième bande à trame souple et plus perméable visuellement. Dans l’intervalle se glisse un patio. En appel sur l’axe nord-sud, s’élève un bloc prêt à démouler ses contenus.
Cette volumétrie compacte cherche à proposer des espaces variés : les nappes rez et +1 enlacent littéralement sans les étouffer les entités classées et les impliquent en perception croisée; les plateaux aériens du cube proposent des conditions spatiales plus autonomes, faisant elles écho direct au gabarit de la manufacture, soit une contextualité choisie résolument en rapport intime à l’identité originelle industrielle du site et faisant corps avec ses échelles, centre et manufacture formant ensemble une nouvelle élévation explicite sur le parc, les rapports à la matière céramique s’avéreront quant à eux implicites.
FLUX & FONCTIONS.
Le rez sera envisagé comme un territoire pratiquement public.
Coté parc, une large zone d’accès libre installent en effet les fonctions d’accueil. Y sont attenantes pour une souplesse d’usage en horaires décalés salle de conférence et cafétéria. Ce plateau d’accueil est intimement lié à l’atmosphère du patio qui dévoile immédiatement l’accolement à l’existant.De manière centrale, les fours règnent dans une nouvelle lisibilité et une mise en compréhension qui sera la première séquence de la visite de KERAMIS. Après aménagement et mise en protection de leur enveloppe, partant du niveau de référence 126, une série de modalités d’accès réversibles proposent trois approches singulières de ces éléments remarquables aujourd’hui mis en lumière et permettent notamment la compréhension de leur spatialité par l’effleurement, le surplomb et l’introversion. En continuité, reconditionnement similaire de l’enveloppe du bâtiment sud dans lequel sont ménagés de larges accès et mis en place une limitation minimum lui permettant de proposer des plateaux opérationnels pour le moins sécurisés et accessibles. Au sens de la programmation, ces lieux de mémoire sont interpellés de manière vivante et sont investis par les dispositifs scénographiques. En ouverture idéale sur la place publique, le rez du bâtiment sud est par ailleurs proposé pour moitié en galerie ouverte aux partenariats, aux initiatives, aux inattendus, aux extensions possibles… La fonction atelier jouissant d’une double hauteur borde le projet sur son flanc est. On y pénètre par la place publique aménagée en conséquence. En liaison directe, réside les artistes-créateurs, abrités en toiture.
En superposition au rez parcouru ci-avant, on accède ensuite via un large escalier à une vaste nappe +1 qui dans son amplitude propose potentiellement 900m2 de surfaces d’exposition. Ce plateau alterne et conjugue naturellement, de par la configuration spatiale du projet séquences d’espaces restaurés et séquences d’extension neuves, fréquemment en duplex sur le rez (cafeteria-atelier-patio). Celles-ci se feront à souhait supports de choix programma-tiques, temporaires ou permanents. Plus particulièrement, dans l’angle nord ouest, connecté directement aux escaliers principaux et au monte charge, un plateau de 200m² s’identifie comme une autonomie possible et annonce dans ses contours plus abstraits les niveaux +2 et+3 disposés à son aplomb.De même capacité, tous 3 paraissent semblables mais différents en réalité par leur degré d’ouverture et l’orientation de leurs baies et par conséquent, en fonction de leur altimétrie respective, par les cadrages inédits sur La Louvière qu’ils proposeront comme toile de fond aux céramiques exposées. Cet empilage, accueillant par ailleurs les locaux de gestion et d’administration, pourrait se lire comme une galerie contemporaine verticale, plugée directement sur la zone d’accueil du rez.
LUMINOSITE
Dans un souci permanent d’un apport généreux en lumière naturelle, l’enveloppe extérieure de KERAMIS est imaginée comme une peau protectrice acrylique, translucide et rigide, possédant à la fois des caractéristiques de résistance et d’isolation thermique. Cette recherche d’une atmosphère lumineuse naturelle, douce et blanche, viserait, conjuguée à la sobriété de sols et de murs laissés en béton lisse apparent, à une forme d’abstraction sereine des fonds et des supports, les rendant plus aptes, nous semble-t-il, par effacement, à révéler toutes les nuances de coloris, de textures, de reflets, de défauts… que recèle l’art subtil de la céramique.