DOMAINE DE MARIEMONT
DIAGNOSTIC
A propos du bois de Morlanwelz, à la poursuite d’un diagnostic amorcé par la cartographie du relief, l’histoire nous révèle des tracés forts arpentant parc et bois comme une entité. C’est l’époque industrielle des équipements liés à l’exploitation qui découpe courbures et limites dans la préservation d’un domaine et la nécessité de franchissement. La topographie tourmentée de Morlanwelz n’est jamais aussi lisible qu’au droit des choix de passages que l’homme a su fabriquer. Quand les princes prennent place, ils choisissent les points hauts. Lorsqu’elle implante, la famille Warocqué bâtit aussi en hauteur : un château devenu musée et un plateau resté emblématique de la silhouette de Morlanwelz et se lancent un écho à la même altitude. Le besoin en trajectoires horizontales a par ailleurs procédé par talutages et enjambements de maçonneries et généré de surprenants ouvrages de croisements.
Une masse végétale importante a survécu à l’exploitation là où le relief et l’eau l’ont malgré tout protégée mais partout ailleurs, un bâti clairsemé va croitre au fil des époques et léguer un tissu au sein duquel les bâtiments liés à l’exploitation minière sont pourtant quasi inexistants hors que celle-ci fut pourtant la source de la densification.
SCENARIO>LE DOMAINE DE MORLANWELZ.
Aujourd’hui, entre les contours emmurés de domaines organisés, le collage contemporain des bâtis privatifs et l’héritage des franchissements, le territoire questionne en relief les stigmates de son espace public.
Dans une stratégie liée à l’objectif principal de compréhension collective, promesse de sentiment d’appartenance et espérance de respect, l’image d’une mosaïque verte contenant l’essence historique du développement des enjeux communaux pourrait construire un scenario partagé par les différents acteurs, partenaires et opérateurs dont la vision tendrait à :
> exprimer la masse végétale comme vaste DOMAINE piéton générateur de (re)connaissances
> considérer tous ses accès comme des SEUILS équivalents
> proposer une LECTURE CARDINALE articulée, constat par constat, sur le croisement physique d’un axe MEMOIRE avec un axe PAYSAGE.
UN AXE MÉMOIRE
Partant du Domaine, longeant des rails orphelins de leur gare, nous choisissons la déclivité car l’horizontale nous semble définitivement dangereuse. Cette immersion nous fait découvrir l’ingéniosité d’un ouvrage ferroviaire qui méritera valorisation. Une certaine humidité se fait ressentir : il faudra traiter cette frange spécifique de ruissellement. Plutôt que de poursuivre strictement le principe du tracé vicinal, un emmarchement simple et praticable pourrait être une belle invitation à remonter vers l’est et découvrir une étonnante prairie révélatrice d’un patrimoine minier devenu rare à Morlanwelz. Nous sommes sur le plateau de l’Olive qui réclamerait l’urgence d’une réanimation qui en ferait enfin parler plus pour l’héritage qu’il porte que pour l’insécurité qui en émane. Ces ruines valent bien celles de Charles de Lorraine…
Nul n’est besoin d’y trouver un contenu, le site se suffit à lui-même en tant que lieu de mémoire.
A cette altitude médiane, le plateau Warocqué profile déjà sa silhouette et invite à l’ascension, par le bois ou par la route car tous deux mènent à un Prieuré, sentinelle bordant l’accès viaire principal au centre de Morlanwelz. Un micro parking bien connu des joggeurs tient lieu de seuil en balcon sur d’étranges canyons boisés. Ce focus pourrait être un bon support d’informations transversales et signalerait mieux le départ de parcours possibles. Ce statut à la fois d’amorce et d’about mais aussi de point de rencontre renvoie assez directement à la situation d’une ancienne gare qui nous préoccupe spécifiquement et dont l’ambition devrait d’être capable de supporter ce rôle de plateforme directionnelle. En outre, en matière de parcours corollaires, le pont de la Rue de la Réunion reste un outil stratégique précieux car il connecte tous les flux. Les suggestions piétonnes tendent à la bordure sud du rail plus que le sentier vicinal, ce qui révèle le rôle tout aussi stratégique de la vision à mener sur la friche de l’ex- fabrique Baume Marpent en tant que territoire partenaire.
UN AXE PAYSAGE
Dans une dimension plus explicite, un tracé rectiligne fort a subsisté, s’élance de Morlanwelz et propose un maillage vert sur toute sa longueur jusqu’à rejoindre au nord l’emblématique Drève de Mariemont. Cette trajectoire se conjugue à d’autres parcours transversaux mais en reste la dorsale. Elle interpelle par sa dimension et sa linéarité. On comprend qu’elle épouse le creux, ce qui lui fait parler les croisements mais lui confère en certains moments un caractère sombre et humide. Cette structure révèle la dimension et la nature d’un bois qui peut intimider. C’est donc séquence par séquence qu’il nous parait opportun d’acclimater cette force organique qui proposera alors repères et présences facilitant l’usage. Les interventions proposées que l’on pourrait qualifier de paysagères viseraient à clarifier et assécher les points les plus bas et les plus boueux du parcours mais sans jamais poursuivre l’idée d’une minéralisation globale.
Des clairières thématiques pourraient ainsi porter une mise en scène paysagère mais volontairement basiques de zones humides spécifiques d’un bois de Morlanwelz caractérisé par la présence d’eaux vives capricieuses. D’autres moments plus clairsemés en l’état actuel pourraient accueillir des objets amis, comme autant de présences faisant écho aux massifs maçonnés des ouvrages du XIX è devenus presque romantiques. Enfin, au Nord, s’impose la drève, comme évidence d’une accessibilité au Parc. Dans le scénario énoncé de l’équivalence des seuils, nous aurions tendance à penser que porte haute et porte basse sont toutes 2 singulières et devraient conserver à terme un potentiel de parkings identiques. Coté Drève, afin de préserver les rangées d’arbres pour le futur, et sécuriser les rencontres piétons-véhicules, il serait opportun d’envisager une série d’emplacements paysagers sur la plate-bande latérale, coté Morlanwelz, dans une configuration invitant tout autant vers le bois que vers les grilles du parc. C’est ce rôle bi-face que nous demanderions à la drève et à l’ancien quai dans leur nouvelle programmation.
PROJET >QUAI VERT.
Spatialement, en l’état, le sentiment chaotique d’un lieu délaissé et désorganisé règne, à savoir : une zone de recul accolée au domaine, dominée par le rail actif et bruyant et scindée en 2 par le trafic de la Chaussée de Mariemont. Dans les contours, quelques privés sont concernés par la situation : l’hôtel restaurant du Parc, anciennement restaurant Mairesse, fait correctement face depuis toujours aux grilles du domaine; à l’inverse de l’attitude d’un snack sans aucune qualité sauf celle de ses frites…mais considérons-les comme partenaires à impliquer vivement dans la mise en valeur de leur propre bâti.
Pour asseoir l’ambition de rôle de plateforme multi usages et résister aux nuisances, il faut imprimer une impulsion transversale qui saura, dans tout son développement, répondre cas par cas au contexte par micro projets. D’ouest en est, dans une écriture très inspirée des moyens locaux de sculpture du relief et de tracés des parcours, une trajectoire simple et lisible comme une allée de graviers s’installe littéralement afin de procurer priorité et sécurité à la situation piétonne. Que l’on soit en voiture, car ou mobilhome, on prend place principalement coté parc, longeant une rue du Parc, reliftée au plus près du mur du Domaine. Dans cette séquence, le sol soulève de manière presque tectonique des reliefs là où il faut combattre le bruit et cadrer le regard. Leurs surfaces sont plantées d’une végétation qui fait limite avec le rail et forment ainsi un paysage dont les outils de fabrication sont volontairement basiques et résistants. Ce travail traverse et tapisse la chaussée de Mariemont en organisant presque symétriquement point info et pique-nique d’une part, sanitaires et point eau d’autre part. En effet, détournant l’expression et l’échelle de l’univers ferroviaire, ces supports littéraux prennent appui sur fond de rythmes de profils acier verticaux, tels les 2 vantaux d’un portail géant menant à Morlanwelz, imitant en miroir les grilles qui s’entrouvrent vers le parc. Centralement, aucune voiture statique n’est tolérée exceptée la facilité pmr afin de requalifier un espace le plus possible dédié au piéton; ainsi, le nouveau revêtement roulable constitué de pavés terre cuite recouvre la chaussée et s’épand jusqu’à la rencontre de chaque parcelle privée environnante. Cette coulée plonge vers le bois et termine sa course en butée sur l’idée d’un seuil géant. En effet, marquant le passage vers le bois, la mise en scène d’un avaloir capable de gérer les eaux de ruissellement signifie également l’interface pieds sales-pieds propres. Ce type de petit ouvrage de rétention, formant passage, marquage et synonyme de gestion de l’humidité, pourrait caractériser une logique d’intervention d’un projet qui fonctionne par ponctuations, à l’instar des séquences de son scénario sur le territoire : seuil , gué, marche, passage… Entretemps , tandis que l’organisation ouest visait un contenu acceptable par un tracé assez organisé, des surfaces percolantes semblables s’imbriquent plus librement l’une dans l’autre dans le creux d’un talus aux facettes sculptées et abondamment plantées pour protéger et diriger volontairement vers le bois en oubliant la ligne vicinale 80-82. La plongée vers le bois n’est pas une métaphore et c’est sous la forme d’une frange spécifique liée aux ruissellements qu’elle propose des aménagements pédestres jusqu’à rejoindre cote à cote avec l’eau organisée le point le plus bas du réseau hydrographique.
Ainsi, le projet QUAI VERT propose par ses prises de position programmatiques et spatiales une écriture faite d’ outils basiques, prêts à être déclinés et concertés, séquence par séquence, au sein d’une démarche volontairement engagée dans l’ économie de moyens et la reconnaissance d’un BOIS DEVENU DOMAINE.