” LE GRAND LARGE “
La Wallonie de l’acier et du charbon a su s’équiper en pleine apogée industrielle d’infrastructures remarquables, notamment au niveau de ses voies navigables et de leur technicité. Cette stratégie de mise en réseau de canaux équipés, capables de supporter de gros flux marchands interrégionaux, sans dépendance, caractérise son territoire et pourrait le rendre visionnaire selon certaines hypothèses sur les mobilités du futur.
Plus concrètement, il y a une cinquantaine d’années, les travaux d’élargissement du canal Nimy-Blaton-Peronnes et sa mise en ligne droite ont profilé les contours de grands larges que nous connaissons aujourd’hui. A Peronnes-lez-Antoing, par rencontre avec le tracé d’un second canal, celui de Pommeroeul-Antoing, un micro territoire insulaire est apparu.
Sur celui-ci, et autour du nautisme, cohabitent les infrastructures du centre Adeps et du port de plaisance de Tournai ainsi qu’une frange dédiée strictement aux voies navigables. Les autres rivages du grand large reflètent quant à eux la confluence des réseaux lents initiaux : voie marchande active et écluses monumentales au Sud; atmosphère bucolique du vieux canal et microcosme batelier au Nord, chaque chemin de halage supportant les itinéraires du Ravel 1. Dans l’actualité, le projet d’un vaste centre de loisirs privé rive est stimule une série d’intentions et de compensations planologiques proposées en modification du plan de secteur de Tournai-Leuze-Peruwelz.
Au-delà de la restructuration fonctionnelle souhaitée, le site du centre Adeps de Peronnes portera par conséquent l’ambition de la stratégie du rivage non marchand du Grand Large, dont les prises de position devraient être capables de révéler une grande capacité d’ouverture et de lisibilité de l’espace public.
Par diagnostic du potentiel de la situation contextuelle, l’écriture d’un nouveau paysage insulaire est interpellée, dont les intentions motrices pourraient être :
– L’accessibilité continue et généreuse à un large ponton pour le rivage ouest ;
– L’assouplissement des limites entre le centre adeps et le port de plaisance ;
– La lisibilité est-ouest dans une implantation paysagère globale des moyens Adeps ;
– La sécurisation du pont de l’écluse comme véritable porte d’entrée sud «piétons-cyclistes» du site.
– La mise en relation du Ravel avec le ponton Adeps et le monde de la voile;
– Des dispositifs architecturaux de densité minimale.
En tant qu’outil public mis à la disposition des jeunes générations, un centre comme le GRAND LARGE porte par essence les valeurs pédagogiques essentielles du sport : il pourrait aussi dans le cadre d’un site mieux lié au paysage des canaux devenir par sa nouvelle architecture le vecteur signalétique d’une pédagogie liée à la prise de conscience du sujet «mobilités lentes, patrimoine industriel et environnement ».
INTENTIONS ARCHITECTURALES ET PAYSAGERES.
UN SITE PIETON
Une partition claire déportant les zones accessibles aux véhicules pourrait tout d’abord laisser place à un site prioritairement à vocation piétonne.
Les parkings existants élargis servent de plate forme d’accueil :
– le parking ouest doublé en capacité via une nouvelle aire percolante qui accueillerait les membres du centre;
– le parking est globalement conservé et propice au scénario stop and go accueillerait les visiteurs.
Les voiries existantes intérieures au site conservées et libérées à priori de la servitude du yacht club pourraient être considérées comme les supports des flux utilitaires; ces parcours sont checkés :
– l’un dédié à la logistique, à la sécurité et à l’administratif ;
– l’autre à l’accès au quai et aux approvisionnements du centre.
Sur ce réseau en héritage seraient pluggés les parcours piétons et les nouvelles polarités.
Par superposition, au-delà du simple marquage au sol, le croisement de l’Avenue du Lac pourrait bénéficier d’un franchissement piéton aérien qui signalerait définitivement la vocation piétonne de l’île.
UN SITE PERMEABLE
Cette partition laisse ainsi de manière centrale et prioritaire s’installer l’idée d’un site dégagé de toute présence parasite aléatoire de véhicules et d’UN LARGE DEGAGEMENT D’OUEST EN EST, de l’eau jusqu’à l’eau, visuellement par les linéarités que forment les contours des structures bâties et végétales, physiquement par la préservation d’un couloir défini comme non bâti, au présent comme en vision future, dont le statut pourrait être d’accès public diurne 100% libre. C’est un grand espace de distribution vers toutes les fonctions et les activités du centre. C’est aussi le lieu où l’on se retrouve et l’on s’organise avant et après le sport.
UN JARDIN DES SPORTS
De l’expression des terrains de sports extérieurs se dégage par contre une atmosphère de cellules spatiales fermées ou plutôt clôturées, grillagées et contenant des surfaces vives et dynamiques. Liant ces enclos existants l’un à l’autre, un PLATEAU POLYGONAL unificateur pourrait se définir au sud comme jardin des sports lui-même contenant et fermé. Son périmètre serait surligné de rangées de hautes tiges partout où cela n’entrave pas la lisibilité vers le lac. ON Y PENETRE QUE FILTRÉ. Une réserve de sol horizontal est préservée. Au centre du plateau, entité fermée dans un site globalement ouvert, pourrait s’ancrer stratégiquement en appel dans le virage formé par l’Avenue du Lac, un POLE POLYVALENT programmé comme un outil souple et autonome au service de ce jardin des sports.
DES POLARITES EST-OUEST QUI SE PARLENT
En termes de masses bâties, la disparition programmée des chalets delta et des volumes RGT laisse subsister l’empreinte des années 90.
Parallèlement aux alignements structurants de l’écluse voisine et des équipements du MET, des compléments architecturaux pourraient accompagner les volumes d’hébergement et surligner de manière déterminée une bordure tendue et continue de l’Avenue jusqu’au lac. CADREES SPATIALEMENT PAR CES 2 ENTITES, L’ENCLOS DES SPORTS ET LE BORD HABITE, DEUX POLARITES FLOTTANTES POURRAIENT ALORS S’AFFIRMER EN TANT QUE SENTINELLES DU SITE ADEPS :
– L’une niveau bas côté halage sous les traits du hall de sports existant complété par extension ;
– L’autre niveau haut coté lac en tant qu’objet territoire générateur, en réponse à l’échelle du grand large, du patrimoine industriel et de la cohabitation avec le yacht-club.
PROGRAMMATION
La structuration des déplacements, des espaces perméables et des aires privatives ainsi que la disposition des limites visuelles et des polarités sous-tendent une interprétation des besoins programmatiques fonctionnant par OPPORTUNITE DE REGROUPEMENTS ET DE SUPERPOSITIONS.
ENSEMBLE A / CENTRE VOILE + RESTAURANT + LOCAUX SOCIAUX
En bord de lac, après remise en question de la réaffectation compliquée des locaux sociaux existants, les fonctions liées à la voile ainsi que les locaux sociaux et la chaîne de préparation des repas disparaissent dans une PREMIERE DUNE VERTE; en superposition, révélant toute l’ ETENDUE DU GRAND LARGE, s’installent le restaurant et l’émergence du hangar des voiles. Cette SILHOUETTE EMBLEMATIQUE permettrait au centre de se particulariser son échelle sur les quais; en tant qu’outil multifonctionnel, chaque couche répond sous toutes ses faces au contexte qui l’entoure, jouant tour à tour l’effacement ou l’affirmation.
En relation directe avec l’eau, une aire généreuse, limitrophe avec le yacht club, serait reconditionnée sur le quai en préservant les pontons existants et une pelouse didactique pour permettre la mise à l’eau carrossable la plus importante du Grand Large.
ENSEMBLE B / HEBERGEMENTS + FOYER + ADMINISTRATION + LOGISTIQUE + CONCIERGERIE
En liaison avec les volumes d’hébergement, un foyer accueil rassembleur, auquel s’accole la logistique et sur lequel s’assoit l’administration, prendrait un visage polymorphe hyper contextuel; de même et parallèlement, la conciergerie proposerait une attitude de BORNE FILTRANTE en bordure de l’avenue.
Ces petites barrettes d’étages transversaux ne seraient pas sans faire ECHO aux ponctuations des infrastructures de l’ECLUSE. Par ailleurs, la voirie existante dans l’envers procure à cet ensemble des possibilités immédiates de desserte sécurisée, particulièrement au niveau d’un parking (et non un garage) dédié aux minibus.
ENSEMBLE C / JARDIN DES SPORTS + NOUVELLE SALLE POLYVALENTE
Afin d’ACCROITRE LES POTENTIALITES FUTURES du centre, une surface polyvalente couverte serait programmée, capable d’accueillir simultanément la pratique des sports de combat et du tennis de table mais capable également de muter vers une ou plusieurs configurations de terrains multisports indoor puisqu’il est fait choix de proposer une HAUTEUR LIBRE DE MIN. 7.00M. Une attention particulière serait portée sur les apports en lumière naturelle et une ouverture vers les terrains extérieurs adjacents car cette SECONDE DUNE VERTE est également, en termes de vestiaires et de stockages, le serviteur du JARDIN DES SPORTS.
Ce nouvel équipement par configuration et destination ne serait donc pas le concurrent ni le remplaçant du hall existant : disposés sur une trajectoire commune, les deux structures se feraient écho par dessus l’avenue et bénéficieraient des accès immédiats aux parkings.
ENSEMBLE D / HALL MULTI SPORTS EXISTANT
Un parcours coloré orienterait les pas sans ambiguïté pour une traversée cernée de l’avenue du lac jusqu’à la porte d’entrée du hall existant. Sa capacité se verrait augmentée à 45m de longueur utile pour la pratique du hand-ball. Un réhabillage ponctuel terminerait de le signaler comme POLARITE OUEST à part entière du site ADEPS.